• L'Enfant

     Vassilis Alexakis y fait allusion dans l’interview qu’il a faite avec Panagiotis Gregoriou à France Culture (http://greekcrisisnow.blogspot.fr/2012/10/grece-les-visages-de-lausterite.html), récemment, à l’occasion de la sortie du film KHAOS, chronique de la crise économique en Grèce, qu’il faut absolument aller voir (http://greekcrisisnow.blogspot.fr/2012/10/voix-off.html).

     

    C’est un poème de Victor Hugo, dont je me souviens particulièrement car j’ai été interrogée dessus au bac de français … Le voici !

     

    L'Enfant

    Les turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
    Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil, 
    Chio, qu'ombrageaient les charmilles,
    Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
    Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois 
    Un chœur dansant de jeunes filles.

    Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,
    Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis, 
    Courbait sa tête humiliée ;
    Il avait pour asile, il avait pour appui
    Une blanche aubépine, une fleur, comme lui 
    Dans le grand ravage oubliée.

    Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
    Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus 
    Comme le ciel et comme l'onde,
    Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
    Passe le vif éclair de la joie et des jeux, 
    Pour relever ta tête blonde,

    Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
    Pour rattacher gaîment et gaîment ramener 
    En boucles sur ta blanche épaule
    Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi l'affront,
    Et qui pleurent épars autour de ton beau front, 
    Comme les feuilles sur le saule ?

    Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
    Est-ce d'avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus, 
    Qui d'Iran borde le puits sombre ?
    Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
    Qu'un cheval au galop met, toujours en courant, 
    Cent ans à sortir de son ombre ?

    Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
    Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois, 
    Plus éclatant que les cymbales ?
    Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux ?
    - Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus, 
    Je veux de la poudre et des balles.

    8-10 juillet 1828

         Victor Hugo - Les Orientales


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